
Frédéric LAHITTE
Directeur de l’activité autocars – autobus Iveco France
" Le GX 337 Elec Heuliez est le bus électrique urbain le plus vendu en France "
Frédéric Lahitte analyse l’évolution du marché français. 2021 se caractérise par un bon dynamisme avec des ventes en progression de 13,5%, et une part croissante des véhicules à faibles émissions. Le groupe Iveco/Heuliez renforce sa position de leader et bat même un record d’immatriculations dans l’interurbain.
Propos recueillis par Sandrine Garnier
Mobily-Cités : Comment le marché français a-t-il évolué en 2021 ?
Frédéric Lahitte : En dehors du tourisme qui reste durement frappé par les conséquences de la crise sanitaire, les immatriculations ont atteint un niveau historiquement haut en 2021 sur certains segments. Globalement le marché a progressé de 13,5% avec 6 857 véhicules immatriculés. En France, la hausse est de 26% sur les véhicules urbains avec 2008 immatriculations. Les Intercity progressent de 19,2% à 3569 unités, et les minibus ont regagné en dynamisme avec +16,9%. En revanche, les ventes de cars de tourisme accusent un nouveau recul de 55,5% pour 258 unités immatriculées. Après une baisse de 50% en 2020, le niveau est au plus bas, et s’inscrit en chute de 76% par rapport à 2019, année de référence pré-Covid avec 1086 véhicules.
« La part du diesel est ramenée à 12 % des immmatriculations contre 65% en 2018. Aucune filière n’a opéré une conversion aussi rapide »
Comment expliquez-vous cette dynamique ?
La dynamique exceptionnelle sur l’urbain et l’interurbain est liée en grande partie aux mesures de soutien adoptées par le gouvernement et aux mécanismes de compensation mis en place à destination des autorités organisatrices de mobilité. Le rebond a été probablement renforcé par un phénomène lié à l’anticipation du passage à la norme Euro 6 E. Mais la tendance de fond est à la poursuite de la transition énergétique à un rythme de plus en plus soutenu.
Les véhicules à faibles émissions représentent 76 % des immatriculations dans l’urbain. Le gaz naturel représente 49 % des immatriculations. La part des électriques est à 27%, soit 20% de mieux qu’en 2020. La part du diesel est ramenée à 12% contre 65% en 2018. Aucune filière n’a opéré une conversion aussi rapide.
Quelle est la place du groupe Iveco ?
Les ventes de véhicules tous modèles confondus s’inscrivent en hausse de 13,5%, avec une part de marché cumulée de 48,3% pour Iveco/Heuliez. Dans l’urbain, la part de marché du groupe atteint 54%. Sur l’interurbain, Iveco a réalisé en 2021 un record d’immatriculations avec un total de 1870 véhicules, pour une part de marché de 52,4% en progression de 4 points. Quant au rebond du marché des minibus, il nous a permis d’atteindre une part de marché de 32,2%.
Ces résultats montrent que la stratégie adoptée par Iveco colle parfaitement aux attentes du marché. Aujourd’hui, nous sommes leaders sur les énergies alternatives, avec une part de marché qui s’établit à 58,4% hors diesel, et même à 62% sur les motorisations GNV. Heuliez est leader sur l’électrique avec 43,6% des ventes. Le GX 337 Elec est le bus électrique urbain le plus vendu en France. Dans l’interurbain, Iveco est en tête sur le GNV avec 80% de part de marché.
« Nous allons présenter cette année les versions
mild hybrid diesel-gaz de l’Urbanway et du Crealis »
Et le Crealis. Ce modèle va-t-il rencontrer son marché en France ?
En dehors de quelques réseaux qui ont conservé leurs installations historiques, le trolleybus n’est pas très répandu en France. Il présente pourtant des avantages indéniables en termes de capacité, de fiabilité et d’efficacité énergétique. Equipé de la technologie IMC, le Crealis gagne de la souplesse et peut s’affranchir des lignes aériennes de contact sur une partie des lignes, en centre-ville par exemple. Nous avons encore de l’ambition en France avec ce produit.
L’augmentation des prix du gaz n’inquiète-t-elle pas certains de vos clients, transporteurs et autorités organisatrices ?
Il est incontestable que l’évolution des prix du gaz est une préoccupation pour nos clients. Il faut toutefois relativiser cette hausse, puisque les prix sont à la hausse sur l’ensemble des énergies. Les tensions actuelles démontrent que le biogaz est une technologie d’avenir, basée sur une production locale indépendante des gazoducs internationaux, et neutre en émissions de CO2.
Comment abordez-vous l’année 2022 ?
Après une année 2021 exceptionnelle, on peut s’attendre à un recul en 2022. Traditionnellement, c’est ce qui caractérise les années d’élection présidentielle. De plus, il apparaît que certaines collectivités commencent à rencontrer des difficultés pour financer leurs investissements après deux années de crise sanitaire. Et la transition énergétique nécessite des investissements pour adapter les infrastructures de charge ou d’avitaillement, moderniser les dépôts… Dans les réseaux de transport public, les taux de fréquentation restent aux alentours de 70-80% et personne n’a de visibilité précise sur le retour à la normale.
Quelles seront les nouveautés présentées par le groupe Iveco ?
Nous allons présenter cette année les versions mild hybrid diesel-gaz de l’Urbanway et du Crealis, et en 2023 celle du Crossway LE ainsi que sa version électrique. Nous généralisons sur l’ensemble de notre gamme l’offre digitale Iveco On, qui permet le suivi des flottes en temps réel.