
Jean-Marc JANSANA
Vice-Président du grand Narbonne en charge des transports, des mobilités et de l'intermodalité
Le Grand Narbonne prépare un big bang en 2025
Mobily-Cités : Quels sont les changements prévus pour la future DSP transport qui démarrera en 2025 sur le Grand Narbonne ?
Jean-Marc Jansana : Ce sera l’occasion de sortir du diesel et de passer à une flotte de véhicules propres. Nous allons également étudier l’intégration de la gratuité qui était dans le programme du maire de Narbonne Didier Mouly lors la campagne des municipales de 2020. Aujourd’hui, la billetterie représente, 1,3 million d’euros de recettes par an, soit 10% du budget de fonctionnement. Enfin, nous allons étudier la restructuration du réseau de bus pour prendre en compte l’émergence de nouveaux quartiers et les modifications du plan de circulation.
Quels types de bus propres rouleront sur le réseau Citibus ?
Il est trop tôt pour le dire, mais il est probable que nous ne retenions pas un seul type d’énergie. Les petits véhicules seront probablement électriques ; les transports collectifs pourraient rouler avec une autre motorisation. Nous avons la chance d’avoir plusieurs acteurs spécialisés implantés sur l’agglomération comme la société Proviridis qui a installé une station multi-énergie – électricité, bio- méthane, GNV, hydrogène - sur la zone industrielle de La Coupe. Nous allons aussi étudier l’offre de la Générale du Solaire qui propose de produire de l’hydrogène vert en lien avec les éoliennes flottantes de Port-la-Nouvelle.... Le plan climat adopté début 2020 s’est donné pour objectif de devenir un territoire à énergie positive à l’horizon 2050.
Le projet "Grand Narbonne 2030" prévoit l’aménagement du pôle d’échanges multimodal à la gare. Quelles sont les améliorations à l’étude ?
Notre objectif est d’améliorer l’intermodalité avec les bus, vélos, piétons et taxis, mais aussi la lisibilité de l’offre de cars, les places de dépose-minute ou encore l’accès aux PMR. Nous avons ainsi signé un protocole d’intention avec la région Occitanie, le département de l’Aude, l’Etat, la Banque des territoires et la SNCF. Les études préliminaires portent actuellement sur les possibilités d’aménagement et la libération du foncier SNCF dans le but de créer une passerelle qui enjamberait les voies pour accéder directement au lotissement Les Pléïades. Ce projet de pôle d’échanges multimodal doit aboutir avant la fin du mandat en 2026. La gare accueille actuellement 1,5 million de voyageurs par an dont une partie sont des salariés et des étudiants qui habitent à Narbonne et étudient à Toulouse ou Montpellier.
Quelle est la place réservée aux mobilités actives dans votre stratégie de mobilité ?
Le Grand Narbonne investit 600 000 euros par an pour développer les déplacements à vélo. L’agglomération compte actuellement 20 kilomètres de pistes cyclables et a acté la création d’environ 10 kilomètres supplémentaires. Dans le cadre de l’approche territoriale intégrée (ATI) urbaine Narbonne-Lézignan-Corbières, nous avons notamment achevé cette année des pistes cyclables entre les quartiers prioritaires Razimbaud, le Bourg, Saint-Jean Saint- Pierre et la gare. Le budget s’est élevé à 1,2 million d’euros dont 550 000 ont été financés par le Feder et 330 000 par l’Etat via une dotation politique de la ville. Nous venons aussi d’acter la création d’une cinquantaine de places de vélos gratuites et sécurisées via l’installation de box à vélo. Nous avons également lancé une étude sur la création de liaisons cyclables vers les zones d’activité de Montredon-des-Corbières. Il existe un fort potentiel de développe- ment de l’usage du vélo car 80% de déplacements domicile-travail se font dans un rayon de moins de 5 kilomètres.
Depuis 2019, le Grand Narbonne a mis en place des navettes gratuites au centre-ville pour limiter le trafic automobile. Quel bilan tirez-vous de cette offre de transport ?
Les usagers n’ont plus besoin de chercher de places de station- nement et les piétons sont également ravis. Les mini-bus de 15-20 places de la Citadine 1 circulent dans l’hyper-centre et enregistrent 7 à 8 000 montées par mois. En septembre 2020, nous avons ra- jouté une seconde ligne qui part du parking-relais situé à l’entrée sud de Narbonne lorsqu’on vient de Perpignan, et arrive à la gare et à l’hôpital. Cela représente plus de 6 000 montées par mois. Le budget de fonctionnement s’élève à 650 000 euros par an et par ligne, soit 1,3 million au total.
Quelles sont les autres solutions mises en œuvre pour limiter les bouchons ?
L’ouverture de la rocade en 2020 a notamment permis de réduire la congestion automobile autour du lycée technique Louise-Mi- chel, du boulevard de 1848, et de l’avenue De Lattre-de-Tassigny. Cependant, la ville de Narbonne est entourée de communes rurales, le transport en commun ne remplace pas la voiture individuelle. Nous déployons donc une offre de covoiturage à la rentrée 2021 en association avec le département. La plateforme Mobilaude va nous permettre de géolocaliser les points de rencontre, ce qui nous permettra dans un second temps de mailler les aires de covoiturage. Aujourd’hui, les principaux lieux de rencontres se trouvent sur les entrées d’autoroute, en particulier pour ceux qui travaillent à Béziers.
La seconde tranche de la LGV Montpellier-Perpignan devrait être mise en service vers 2040-2045. Quels sont les changements attendus pour Le Grand Narbonne ?
L’arrivée de la LGV va permettre l’ouverture de nouveaux sillons sur la ligne classique et donc de développer les trains du quoti- dien. Il y a également un enjeu environnemental : la ligne actuelle Narbonne-Perpignan est très proche du niveau de la mer. Il n’est pas certain que dans quelques décennies ce soit encore le cas. La nou- velle ligne à grande vitesse sera plus en hauteur et plus en retrait dans les terres. Enfin, la SNCF prévoit de construire une gare près de Narbonne à Montredon-des-Corbières qui doit accueillir 10 à 15 TGV par jour. Nous travaillerons donc sur la création d'une liaison TER entre cette gare TGV et celle du centre qui permet notamment de rejoindre Carcassonne et Toulouse même si cet ouvrage n'est pour l'heure pas acté. Cependant, je ne perçois pas d'engouement des habitants pour l'installation d'une gare TGV au milieu des vignes